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voir personne sans impatience. Renfermé dans ma solitude, je pensai au bout de quelque temps à visiter les papiers de mon père ; Larive me les apporta avec un pieux respect, et, détachant les liasses d’une main tremblante, il les étala devant moi.

Aux premières pages que je lus, je sentis au cœur cette fraîcheur qui vivifie l’air autour d’un lac tranquille ; la douce sérénité de l’âme de mon père s’exhalait comme un parfum des feuilles poudreuses à mesure que je les déployais. Le journal de sa vie reparut devant moi ; je pouvais compter, jour par jour, les battements de ce noble cœur. Je commençai à m’ensevelir dans un rêve doux et profond, et, malgré le caractère sérieux et ferme qui dominait partout, je découvrais une grâce ineffable, la fleur paisible de sa bonté. Pendant que je lisais, l’idée de sa mort se mêlait sans cesse au récit de sa vie ; je ne puis dire avec quelle tristesse je suivais