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au silence et à la vie la plus tranquille, ne s’était aperçue de rien ; il me semblait seulement que les murailles et les meubles me regardaient quelquefois avec pitié, quand je m’enveloppais de la robe de chambre de mon père et que je m’asseyais dans son fauteuil. Une voix faible s’élevait alors des rayons poudreux comme pour dire : « Où est allé le père ? Nous voyons bien que c’est l’orphelin. »

Je reçus de Paris plusieurs lettres, et je fis à toutes la réponse que je voulais passer l’été seul à la campagne, comme mon père avait coutume de faire. Je commençais à sentir cette vérité, que dans tous les maux il y a toujours quelque bien, et qu’une grande douleur, quoi qu’on en dise, est un grand repos. Quelle que soit la nouvelle qu’ils apportent, lorsque les envoyés de Dieu nous frappent sur l’épaule, ils font toujours cette bonne œuvre de nous réveiller de la vie, et là où ils parlent tout se tait. Les douleurs