Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

j’ignore ce qu’on a pu vous en dire. Restez dans la chambre voisine ; s’il y a quelque mal, je le prends sur moi. »

Il se retira. Un seul flambeau, posé sur une table, éclairait le lit ; je m’assis à la place de l’ecclésiastique, et découvris encore une fois ces traits que je ne devais jamais revoir. « Que vouliez-vous me dire, mon père ? lui demandai-je ; quelle a été votre dernière pensée en cherchant des yeux votre enfant ? »

Mon père écrivait un journal où il avait l’habitude de consigner tout ce qu’il faisait jour par jour. Ce journal était sur la table, et je vis qu’il était ouvert ; je m’en approchai et m’agenouillai ; sur la page ouverte étaient ces deux seuls mots : « Adieu, mon fils ; je t’aime et je meurs. »

Je ne versai pas une larme, pas un sanglot ne sortit de mes lèvres ; ma gorge se serra, et ma bouche était comme scellée ; je regardai mon père sans bouger.