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yeux çà et là avec amertume, comme quand on cherche un ami ; prends garde surtout de penser tout à coup, dans ta solitude, à ceux qui ont par là, sous quelque toit de chaume, un ménage tranquille, et qui s’endorment en se tenant la main ; car, en face de toi, sur ton lit splendide, sera assise, pour toute confidente, la pâle créature qui est l’amante de tes écus. Tu te pencheras sur elle pour soulager ta poitrine oppressée, et elle fera cette réflexion que tu es bien triste, et que la perte doit être considérable ; les larmes de tes yeux lui causeront un grand souci, car elles sont capables de laisser vieillir la robe qu’elle porte et de faire tomber les bagues de ses doigts. Ne lui nomme pas celui qui t’a gagné ce soir ; il se pourrait qu’elle le rencontrât demain, et qu’elle fît les yeux doux à ta ruine. Voilà ce que c’est que la faiblesse humaine ; es-tu de force à avoir celle-là ? Es-tu un homme ? prends