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ne me fût pas possible de tout saisir. Je pris le papier et lus ce qui suit, écrit avec une mauvaise orthographe :

« Elle est morte hier. À onze heures du soir, elle se sentait défaillir ; elle m’a appelée et elle m’a dit : Louison, je vas rejoindre mon camarade ; tu vas aller à l’armoire, et tu vas décrocher le drap qui est au clou ; c’est le pareil de l’autre. Je me suis jetée à genoux en pleurant ; mais elle étendait la main, en criant : Ne pleure pas ! ne pleure pas ! Et elle a poussé un tel soupir… »

Le reste était déchiré. Je ne puis rendre l’effet que cette lecture sinistre produisit sur moi ; je retournai le papier et vis l’adresse de Marco, la date de la veille. « Elle est morte ? et qui donc morte ? m’écriai-je involontairement en allant à l’alcôve. Morte ! qui donc ? qui donc ? »

Marco ouvrit les yeux ; elle me vit, assis sur son lit, la lettre à la main. « C’est ma mère,