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allée, perdu dans un vers de Virgile et chassant du pied un caillou. « Ô mon enfance ! vous voilà, m’écriai-je ; ô mon Dieu, vous voilà ici ! »

Je me retournai. Marco s’était endormie, la lampe s’était éteinte, la lumière du jour avait changé tout l’aspect de la chambre ; les tentures, qui m’avaient semblé d’un bleu d’azur, étaient d’une teinte verdâtre et fanée, et Marco, la belle statue, étendue dans l’alcôve, était livide comme une morte.

Je frissonnai malgré moi ; je regardais l’alcôve, puis le jardin ; ma tête épuisée s’alourdissait. Je fis quelques pas et allai m’asseoir devant un secrétaire ouvert, près d’une autre croisée. Je m’y étais appuyé, et regardais machinalement une lettre dépliée qui avait été laissée dessus ; elle ne contenait que quelques mots. Je les lus plusieurs fois de suite sans y prendre garde, jusqu’à ce que le sens en devînt intelligible à ma pensée à force d’y revenir ; j’en fus frappé tout à coup, quoiqu’il