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Qu’une semblable ivresse existât quand on aime, cela ne m’était pas nouveau ; je savais ce que c’était que cette auréole dont rayonne la bien-aimée. Mais exciter de tels battements de cœur, évoquer de pareils fantômes, rien qu’avec sa beauté, des fleurs et la peau bigarrée d’une bête féroce ! avec de certains mouvements, une certaine façon de tourner en cercle, qu’elle a apprise de quelque baladin, avec les contours d’un beau bras ; et cela sans une parole, sans une pensée, sans qu’elle daigne paraître le savoir ! Qu’était donc le chaos, si c’est là l’œuvre des sept jours ?

Ce n’était pourtant pas de l’amour que je ressentais, et je ne puis dire autre chose sinon que c’était de la soif. Pour la première fois de ma vie je sentais vibrer dans mon être une corde étrangère à mon cœur. La vue de ce bel animal en avait fait rugir un autre dans mes entrailles. Je me tâtais comme