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une atmosphère invisible. Je ne parle pas des rêveurs qui suivent le vol tournoyant des chauves-souris de Spallanzani, et qui pensent avoir trouvé un sixième sens à la nature. Telle qu’elle est, ses mystères sont bien assez redoutables, ses puissances bien assez profondes, à cette nature qui nous crée, nous raille et nous tue, sans qu’il faille encore épaissir les ténèbres qui nous entourent ! Mais quel est l’homme qui croit avoir vécu, s’il nie la puissance des femmes ? s’il n’a jamais quitté une belle danseuse avec des mains tremblantes ? s’il n’a jamais senti ce je-ne-sais-quoi indéfinissable, ce magnétisme énervant qui, au milieu d’un bal, au bruit des instruments, à la chaleur qui fait pâlir les lustres, sort peu à peu d’une jeune femme, l’électrise elle-même, et voltige autour d’elle comme le parfum des aloès sur l’encensoir qui se balance au vent ?

J’étais frappé d’une stupeur profonde.