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manque, que sa mère est malade, elle entr’ouvre sa porte, étend la main, et arrête un passant.

Telle était l’histoire d’une fille que j’ai eue. Elle savait un peu toucher du piano, un peu compter, un peu dessiner, même un peu d’histoire et de grammaire, et ainsi de tout un peu. Que de fois j’ai regardé avec une compassion poignante cette triste ébauche de la nature, mutilée encore par la société ! que de fois j’ai suivi dans cette nuit profonde les pâles et vacillantes lueurs d’une étincelle souffrante et avortée ! que de fois j’ai tenté de rallumer quelques charbons éteints sous cette pauvre cendre ! Hélas ! ses longs cheveux avaient réellement la couleur de la cendre, et nous l’appelions Cendrillon.

Je n’étais pas assez riche pour lui donner des maîtres ; Desgenais, d’après mon conseil, s’intéressa à cette créature ; il lui fit apprendre de nouveau tout ce dont elle avait les éléments.