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vin qu’elles boivent colore leurs veines un instant, elles mangent de l’or. Une douce musique tremble dans les feuilles ; le tonnerre qui gronde la saisit et l’emporte comme un épervier affamé. Silence, silence ! le jour se lève, la rosée tombe ; une alouette sort d’un sillon et s’en va mourir dans les cieux.

Lecteur, s’il faut parler des femmes, j’en citerai deux ; en voici une.

Je vous le demande ; que voulez-vous que fasse une pauvre lingère, jeune et jolie, ayant dix-huit ans, et par conséquent des désirs ; ayant un roman sur son comptoir, où il n’est question que d’amour ; ne sachant rien, n’ayant aucune idée de morale ; cousant éternellement à une fenêtre devant laquelle les processions ne passent plus, par ordre de police, mais devant laquelle rôdent tous les soirs une douzaine de filles patentées, reconnues par la même police ; que voulez-vous qu’elle fasse, lorsque après avoir fatigué