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« Mais, dira le lecteur, au milieu de tout cela, quelles femmes aviez-vous ? Je ne vois pas là la débauche en personne. »

Ô créatures qui portiez le nom de femmes, et qui avez passé comme des rêves dans une vie qui n’était elle-même qu’un rêve ! que dirai-je de vous ? Là où il n’y a jamais eu l’ombre d’une espérance, est-ce qu’il y aurait quelque souvenir ? Où vous trouverai-je pour cela ? Qu’y a-t-il de plus muet dans la mémoire humaine ? qu’y a-t-il de plus oublié que vous ?

Comment ressaisirais-je vos fantômes épars, et comment pourrais-je donner quelque suite à ce que je raconte ? Maintenant que je pense à ce temps de ma jeunesse, je crois voir un champ plat et stérile sous un ciel orageux. Des formes flottantes se soulèvent çà et là, puis s’effacent ; un soupir plaintif déchire les airs ; des monstres grimaçants volent en rond ; ils pouffent de rire et s’engouffrent.