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Je me figure que les gens qui disent que le monde donne de l’expérience doivent être bien étonnés qu’on les croie. Le monde n’est que tourbillons, et il n’y a aucun rapport entre ces tourbillons. Tout s’en va par bandes comme des volées d’oiseaux. Les différents quartiers d’une ville ne se ressemblent même pas entre eux, et il y a autant à apprendre, pour quelqu’un de la Chaussée-d’Antin, au Marais qu’à Lisbonne. Il est seulement vrai que ces tourbillons divers sont traversés, depuis que le monde existe, par sept personnages toujours les mêmes : le premier s’appelle l’espérance, le second la conscience, le troisième l’opinion, le quatrième l’envie, le cinquième la tristesse, le sixième l’orgueil, et le septième s’appelle l’homme.

Nous étions donc, moi et mes compagnons, une volée d’oiseaux, et nous restâmes ensemble jusqu’au printemps, tantôt jouant, tantôt courant…