Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

le cœur plus satisfait, je ne sais pourquoi.

Ce qui me faisait le plus de mal, c’était lorsque, dans une partie de plaisir, nous allions dans quelque lieu aux environs de Paris où j’avais été autrefois avec ma maîtresse. Je devenais stupide ; je m’en allais seul, à l’écart, regardant les buissons et les troncs d’arbre avec une amertume sans bornes, jusqu’à les frapper du pied comme pour les mettre en poussière. Puis je revenais, répétant cent fois de suite entre mes dents : « Dieu ne m’aime guère, Dieu ne m’aime guère. » Je demeurais alors des heures sans parler. « Toutes les femmes sont des libertins au fond du cœur », pensais-je, et je regardais autour de moi mes compagnons assis sur l’herbe. « Voilà donc ce que ma maîtresse avait dans le cœur en venant ici avec moi ? »

Cette idée funeste, que la vérité c’est la nudité, me revenait ainsi à propos de tout. «