Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne puis rien contre elle. Elle m’entraîne là où bon lui semble, et par le chemin qu’elle veut.

Cette femme partie, je me mis sur mon séant. « Mon ami, me dis-je, voilà ce que Dieu t’envoie. Si Desgenais ne t’avait pas voulu donner sa maîtresse, il ne se trompait peut-être pas en croyant que tu en serais devenu amoureux.

« L’as-tu bien regardée ? Un sublime et divin mystère s’est accompli dans les entrailles qui l’ont conçue. Un pareil être coûte à la nature ses plus vigilants regards maternels ; cependant l’homme qui veut te guérir n’a rien trouvé de mieux que de te pousser sur ses lèvres, pour y désapprendre à aimer.

« Comment cela se fait-il ? D’autres que toi l’ont admirée sans doute ; mais ils ne couraient aucun risque ; elle pouvait essayer sur eux toutes les séductions qu’elle voulait ; toi seul étais en danger.