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Elle vint à moi et me présenta son bouquet ; un morceau de papier y était attaché, sur lequel je trouvai ce peu de mots : « À Octave, son ami Desgenais, à charge de revanche. »

Je n’eus pas plutôt lu qu’un éclair me frappa l’esprit. Je compris tout ce qu’il y avait dans cette action de Desgenais m’envoyant ainsi sa maîtresse, et m’en faisant une sorte de cadeau à la turque, sur quelques paroles que je lui avais dites. Du caractère que je lui savais, il n’y avait là ni ostentation de générosité, ni trait de rouerie ; il n’y avait qu’une leçon. Cette femme l’aimait ; je lui en avais fait l’éloge, et il voulait m’apprendre à ne pas l’aimer, soit que je la prisse ou que je la refusasse.

Cela me donna à penser ; cette pauvre fille pleurait, et n’osait essuyer ses larmes, de peur de m’en faire apercevoir. De quoi l’avait-il menacée pour la déterminer à venir ? Je l’ignorais. « Mademoiselle, lui dis-je, il ne