Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

savent que mentir à des inconnus, et enfouir leurs bassesses dans leur hypocrisie, et qui ne voient dans tout cela qu’à se donner et à oublier.

La première fois que je suis entré au jeu, j’avais entendu parler de flots d’or, de fortunes faites en un quart d’heure, et d’un seigneur de la cour d’Henri IV qui gagna sur une carte cent mille écus que lui coûtait son habit. Je trouvai un vestiaire où les ouvriers qui n’ont qu’une chemise louent un habit à vingt sous la soirée, des gendarmes assis à la porte, et des affamés jouant un morceau de pain contre un coup de pistolet.

La première fois que j’ai vu une assemblée quelconque, publique ou non, ouverte à quelqu’une des trente mille femmes qui ont, à Paris, permission de se vendre, j’avais entendu parler des Saturnales de tout temps, de toutes les orgies possibles, depuis Babylone jusqu’à Rome, depuis le temple de Priape jusqu’au Parc-aux-Cerfs, et j’avais