Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas tout ce que j’ai à vous dire. Vous avez ce soir un souper, demain une partie de campagne ; j’y vais, et croyez-moi, car je ne vous quitte pas d’ici là. Nous ne nous séparerons pas ; nous allons passer la journée ensemble ; vous aurez des fleurets, des cartes, des dés, du punch, ce que vous voudrez ; mais vous ne vous en irez pas. Êtes-vous à moi ? moi à vous ; tope ! J’ai voulu faire de mon cœur le mausolée de mon amour ; mais je jetterai mon amour dans une autre tombe, ô Dieu de justice ! quand je devrais la creuser dans mon cœur. »

À ces mots, je me rassis, tandis qu’ils entraient dans le cabinet, et je sentis combien l’indignation qui se soulage peut nous donner de joie. Quant à celui qui s’étonnera qu’à partir de ce jour j’aie changé complètement ma vie, il ne connaît pas le cœur de l’homme, et il ne sait pas qu’on peut hésiter vingt ans à faire un pas, mais non reculer quand on l’a fait.