Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur, pour le sentir se tordre et se serrer. Cependant je murmurais dans ma tête une romance tyrolienne que ma maîtresse chantait sans cesse :

Altra volta gieri biele,
Blanch’e rossa com’un’fiore ;
Ma ora no. Non son più biele
Consumatis dal’amore.

J’écoutais l’écho de cette pauvre romance résonner dans le désert de mon cœur. Je me disais : « Voilà le bonheur de l’homme ; voilà mon petit paradis ; voilà ma fée Mab : c’est une fille des rues. Ma maîtresse ne vaut pas mieux. Voilà ce qu’on trouve au fond du verre où on a bu le nectar des dieux ; voilà le cadavre de l’amour. »

J’étais comme un homme assis sur les ruines d’une maison où il a passé son enfance ;