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à la dérobée. C’étaient alors des jours de fête pour ma petite chambre ; les fleurs y arrivaient, le feu s’allumait gaîment, les rayons poudreux voyaient se préparer un bon souper ; le lit avait aussi sa parure de noces pour recevoir la bien-aimée. Souvent, assise sur mon canapé, sous la glace, je l’avais contemplée durant les heures silencieuses où nos cœurs se parlaient. Je la regardais, pareille à la fée Mab, changer en paradis ce petit espace solitaire où tant de fois j’avais pleuré. Elle était là, au milieu de tous ces livres, de tous ces vêtements épars, de tous ces meubles délabrés, entre ces quatre murs si tristes ; elle brillait comme une pièce d’or dans toute cette pauvreté.

Ces souvenirs si doux, depuis que je l’avais perdue me poursuivaient sans relâche ; ils m’ôtaient le sommeil. Mes livres, mes murs me parlaient d’elle ; je ne pouvais les supporter. Mon lit me chassait dans la rue ;