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lui demandait si elle me connaissait ; elle répondit qu’oui, et qu’on me laissât tranquille. Bientôt les joueurs s’en allèrent ; et le cabaretier ayant passé dans son arrière-boutique après avoir fermé sa porte et ses volets au-dehors, je restai seul avec cette fille.

Tout ce que je venais de faire était venu si vite, et j’avais obéi à un mouvement de désespoir si étrange, que je croyais rêver, et que mes pensées se débattaient dans un labyrinthe. Il me semblait, ou que j’étais fou, ou que j’avais obéi à une puissance surnaturelle.

« Qui es-tu ? m’écriai-je tout d’un coup ; que me veux-tu ? d’où me connais-tu ? qui t’a dit d’essuyer mes larmes ? Est-ce ton métier que tu fais et crois-tu que je veuille de toi ? Je ne te toucherais pas seulement du bout du doigt. Que fais-tu là ? réponds. Est-ce de l’argent qu’il te faut ? Combien vends-tu cette pitié que tu as ? »