Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

à la porte, et ils me verront endormi. Leurs baisers ne m’éveilleront pas ; ils me frapperont sur l’épaule : je me retournerai sur l’autre flanc et me rendormirai. »

Ainsi, plein d’une joie farouche, je me mis en quête d’un cabaret. Comme il était minuit passé, presque tous se trouvaient fermés ; cela me mettait en fureur. « Eh quoi ! pensais-je, cette consolation même me sera refusée ? » Je courais de tous côtés, frappant aux boutiques et criant : « Du vin ! du vin ! »

Enfin je trouvai un cabaret ouvert ; je demandai une bouteille, et, sans regarder si elle était bonne ou mauvaise, je l’avalai coup sur coup ; une seconde suivit, puis une troisième. Je me traitais comme un malade et je buvais par force, comme s’il se fût agi d’un remède ordonné par un médecin, sous peine de la vie.

Bientôt les vapeurs de la liqueur épaisse,