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je, ce n’est pas la science qui me consolera ; j’aurai beau me plonger dans cette nature morte, j’y mourrai moi-même comme un noyé livide dans la peau d’un agneau écorché. Je ne me guérirai pas de ma jeunesse ; allons vivre là où est la vie, ou mourons du moins au soleil. » Je partais, je prenais un cheval, je m’enfonçais dans les promenades de Sèvres et de Chaville ; j’allais m’étendre sur un pré en fleurs, dans quelque vallée écartée. Hélas ! et toutes ces forêts, toutes ces prairies me criaient : « Que viens-tu chercher ? Nous sommes vertes, pauvre enfant, nous portons la couleur de l’espérance. »

Alors je rentrais dans la ville ; je me perdais dans les rues obscures ; je regardais les lumières de toutes ces croisées, tous ces nids mystérieux des familles, les voitures passant, les hommes se heurtant. Oh ! quelle solitude ! quelle triste fumée sur ces toits ! quelle douleur dans ces rues tortueuses où tout piétine,