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perdait, et changeai complètement de système. J’allai à la campagne, je me lançai au galop dans les bois, à la chasse ; je faisais des armes jusqu’à perdre haleine ; je me brisais de fatigue, et lorsque après une journée de sueur et de courses j’arrivais le soir à mon lit, sentant l’écurie et la poudre, j’enfonçais ma tête dans l’oreiller, je me roulais dans mes couvertures, et je criais : « Fantôme, fantôme, es-tu las aussi ? me quitteras-tu quelque nuit ? »

Mais à quoi bon ces vains efforts ? La solitude me renvoyait à la nature, et la nature à l’amour. Lorsque à la rue de l’Observance, je me voyais entouré de cadavres, essuyant mes mains sur mon tablier sanglant, pâle au milieu des morts, suffoqué par l’odeur de la putréfaction, je me détournais malgré moi ; je sentais flotter dans mon cœur des moissons verdoyantes, des prairies embaumées, et la pensive harmonie du soir. « Non, me disais-