Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

yeux se mouiller de larmes, et ses genoux fléchir jusqu’à terre, avait-il donc inventé la vertu ? Ô Dieu ! ô Dieu ! voilà une femme qui parle d’amour, et qui me trompe ; voilà un homme qui parle d’amitié, et qui me conseille de me distraire dans la débauche ; voilà une autre femme qui pleure, et qui veut me consoler avec les muscles de son jarret ; voilà une Bible qui parle de Dieu, et qui répond : « Peut-être ; tout cela est indifférent. »

Je me précipitai vers ma fenêtre ouverte. « Est-ce donc vrai que tu es vide ? criai-je en regardant un grand ciel pâle qui se déployait sur ma tête. Réponds, réponds ! Avant que je meure, me mettras-tu autre chose qu’un rêve entre ces deux bras que voici ? »

Un profond silence régnait sur la place que dominaient mes croisées. Comme je restais les bras étendus et les yeux perdus dans l’espace, une hirondelle poussa un