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vieux livres poudreux. Ne sachant que faire et rongé d’ennui, je pris le parti d’en lire quelques-uns. C’étaient pour la plupart des romans du siècle de Louis XV ; ma tante, fort dévote, en avait probablement hérité elle-même, et les avait conservés sans les lire ; car ils étaient de la plus grande licence, et, pour ainsi dire, comme autant de catéchismes de libertinage.

J’ai dans l’esprit une singulière propension à réfléchir à tout ce qui m’arrive, même aux moindres incidents, et à leur donner une sorte de raison conséquente et morale ; j’en fais en quelque sorte comme des grains de chapelet, et je tâche malgré moi de les rattacher à un même fil.

Dussé-je paraître puéril en ceci, l’arrivée de ces livres me frappa dans la circonstance où je me trouvais. Je les dévorai avec une amertume et une tristesse sans bornes, le cœur brisé et le sourire sur les lèvres.