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mes bras ; elle commença à me dire tout ce qu’elle put imaginer en faveur de ma maîtresse, pour me plaindre autant que pour l’excuser. Ma tristesse s’en accrut ; que répondre ? Elle en vint à parler d’elle-même.

Il n’y avait pas longtemps, me dit-elle, qu’un homme qu’elle aimait l’avait quittée. Elle avait fait de grands sacrifices ; sa fortune était compromise, aussi bien que l’honneur de son nom. De la part de son mari, qu’elle connaissait pour vindicatif, il y avait eu des menaces. Ce fut un récit mêlé de larmes, et qui m’intéressa au point que j’oubliai mes douleurs en écoutant les siennes. On l’avait mariée à contrecœur, elle avait lutté pendant longtemps ; mais elle ne regrettait rien, sinon de n’être plus aimée. Je crus même qu’elle s’accusait en quelque sorte, comme n’ayant pas su conserver le cœur de son amant, et ayant agi avec légèreté à son égard.

Lorsque après avoir soulagé son cœur elle