Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

passait avec nous ! De là sans doute mon aversion pour elle. J’avais beau savoir qu’elle approuvait nos amours, qu’elle me défendait même parfois auprès de ma maîtresse dans les jours de brouille, je ne pouvais, en faveur de toute son amitié, lui pardonner ses importunités. Malgré sa bonté et les services qu’elle nous rendait, elle me semblait laide, fatigante. Hélas ! maintenant que je la trouvais belle ! Je regardais ses mains, ses vêtements ; chacun de ses gestes m’allait au cœur ; tout le passé y était écrit. Elle me voyait, elle sentait ce que j’éprouvais auprès d’elle et que de souvenirs m’oppressaient. Le chemin s’écoula ainsi, moi la regardant, elle me souriant. Enfin, quand nous entrâmes à Paris, elle me prit la main. « Eh bien ? dit-elle. – Eh bien ! répondis-je en sanglotant, dites-le-lui, madame, si vous voulez. » Et je versai un torrent de larmes.

Mais lorsque après dîner nous fûmes au