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un sanctuaire impénétrable, je venais de m’apercevoir que c’était la débauche elle-même que j’avais dans les bras.

Je le demande à quiconque a aimé : parmi toutes les horreurs de l’enfer, en a-t-on jamais inventé une qui puisse entrer en comparaison avec ce qui se passe dans l’âme humaine, lorsqu’une pareille chose arrive ? Il me semble voir un enfant innocent que des brigands veulent égorger dans une forêt ; il se sauve, en criant, dans les bras de son père ; il s’attache à son cou, il se cache sous son manteau, il le supplie de le sauver ; et son père tire une épée flamboyante ; lui-même est un bandit, et égorge l’enfant.

Les peintres qui ont représenté la tentation de saint Antoine ont oublié de lui faire subir une épreuve à laquelle il n’eût pas résisté. Ils nous le montrent entouré de démons, de femmes nues, qui s’efforcent en vain de le faire succomber par tous les