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L’amour que j’avais pour ma maîtresse m’ayant, presque au sortir du collège, absorbé tout entier, avait été pour moi une sauvegarde contre la corruption prématurée à laquelle la jeunesse s’abandonne souvent dans la première joie de la liberté ; car le plus grand défaut des écoles étant de défendre sans cesse ce que la nature ordonne, il est tout simple que les écoliers commencent, en entrant dans le monde, par se livrer à tout ce qu’on leur défendait, outre mesure et sans discernement.

Si l’on m’avait proposé de devenir un libertin, tant que ma maîtresse m’était fidèle, les séductions les plus fortes et les raisonnements les plus pervers auraient été sans effet sur moi. Une courtisane me paraissait un être difforme. Tout d’un coup ma maîtresse, que j’adorais religieusement, était devenue pour moi comme une courtisane ; et tandis que je croyais fuir la débauche dans