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doute que peu vous importe de le savoir, pourvu qu’elle vous aime, et qu’elle n’ait que vous tant qu’elle vous aimera. Mais, moi, je vous dis : Puisqu’elle a eu d’autres hommes que vous, qu’importe donc que ce soit hier ou il y a deux ans ? Puisqu’elle aura d’autres hommes, qu’importe que ce soit demain ou dans deux autres années ? Puisqu’elle ne doit vous aimer qu’un temps, et puisqu’elle vous aime, qu’importe donc que ce soit pendant deux ans ou pendant une nuit ? Êtes-vous homme, Octave ? Voyez-vous les feuilles tomber des arbres, le soleil se lever et se coucher ? Entendez-vous vibrer l’horloge de la vie à chaque battement de votre cœur ? Y a-t-il donc une si grande différence pour vous entre un amour d’un an et un amour d’une heure, insensé, qui, par cette fenêtre grande comme la main, pouvez voir l’infini ?

« Vous appelez honnête la femme qui vous aime deux ans fidèlement ; vous avez apparemment