avouer, une race d’hommes bien malheureux : ce sont eux qui, en pareil cas, sont toujours là pour dire à la jeunesse : « Tu as raison de croire au mal, et nous savons ce qui en est. » J’ai entendu parler, par exemple, de quelque chose de singulier : c’était comme un milieu entre le bien et le mal, un certain arrangement entre les femmes sans cœur et les hommes dignes d’elles ; ils appelaient cela : le sentiment passager. Ils en parlaient comme d’une machine à vapeur inventée par un carrossier ou un entrepreneur de bâtiments. Ils me disaient : « On convient de ceci ou de cela, on prononce telles phrases qui en font répondre telles autres, on écrit des lettres de telle façon, on se met à genoux de telle autre. » Tout cela était réglé comme une parade ; ces braves gens avaient des cheveux gris.
Cela me fit rire. Malheureusement pour moi, je ne puis dire à une femme que je méprise que j’ai de l’amour pour elle, même en sachant que c’est une convention et qu’elle ne s’y trompera pas. Je n’ai jamais mis le genou en terre sans y mettre le cœur. Ainsi cette classe de femmes qu’on appelle faciles m’est inconnue, ou si je m’y suis laissé prendre, c’est sans le savoir et par simplicité.
Je comprends qu’on mette son âme de côté, mais non qu’on y touche. Qu’il y ait de l’orgueil à le dire, cela est possible ; je n’entends ni me vanter, ni me rabaisser. Je hais par-dessus tout les femmes qui rient de l’amour, et leur permets de me le rendre ; il n’y aura jamais de dispute entre nous.
Ces femmes-là sont bien au-dessous des courtisanes ; les courtisanes peuvent mentir et ces femmes-là aussi ; mais les courtisanes peuvent aimer, et ces femmes-là ne le peuvent pas. Je me souviens d’une qui m’aimait, et qui