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maintenant ? — Parce que je pense, je doute et je crains. — Quand donc feras-tu ta prière ? — Quand je croirai. Pourquoi m’a-t-on menti ? — Pourquoi mens-tu, lâche, à ce moment même ? Que ne meurs-tu, si tu ne peux souffrir ? »

Ainsi parlaient et gémissaient en moi deux voix terribles et contraires, et une troisième criait encore : « Hélas ! hélas ! mon innocence ! hélas ! hélas ! les jours d’autrefois ! »


CHAPITRE V

Effroyable levier que la pensée humaine ! c’est notre défense et notre sauvegarde, le plus beau présent que Dieu nous ait fait. Elle est à nous et nous obéit ; nous la pouvons lancer dans l’espace, et une fois hors de ce faible crâne, c’en est fait, nous n’en répondons plus.

Tandis que, du jour au lendemain, je remettais sans cesse ce départ, je perdais la force et le sommeil, et peu à peu, sans que je m’en aperçusse, toute la vie m’abandonnait. Lorsque je m’asseyais à table, je me sentais un mortel dégoût ; la nuit, ces deux pâles visages, celui de Smith et de ma maîtresse, que j’observais tant que durait le jour, me poursuivaient dans des rêves affreux. Lorsqu’ils allaient le soir au spectacle, je refusais d’y aller avec eux ; puis je m’y rendais de mon côté, je me cachais dans le parterre, et de là je les regardais. Je feignais d’avoir à faire dans la chambre voisine, et j’y restais une heure à les écouter ; tantôt l’idée de chercher querelle à Smith et de le forcer à se battre avec moi me saisissait avec violence ; je lui tournais