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CHAPITRE PREMIER

Décidés à un long voyage, nous étions venus à Paris ; les préparatifs nécessaires et les affaires à régler demandaient du temps, et il fallut prendre pour un mois un appartement à l’hôtel garni.

La résolution de quitter la France avait tout fait changer de face ; la joie, l’espoir, la confiance, tout était revenu à la fois ; plus de chagrins, plus de querelles devant la pensée du départ prochain. Il ne s’agissait plus que de rêves de bonheur, de serments d’aimer à jamais ; je voulais enfin pour tout de bon faire oublier à ma chère maîtresse tous les maux qu’elle avait soufferts. Comment aurais-je pu résister à tant de preuves d’une affection si tendre et à une résignation si courageuse ? Non seulement Brigitte me pardonnait, mais elle s’apprêtait à me faire le plus grand sacrifice et à tout quitter pour me suivre. Autant je me sentais indigne du dévouement qu’elle me témoignait, autant je voulais à l’avenir que mon amour l’en récompensât ; enfin mon bon ange avait triomphé, et l’admiration et l’amour prenaient le dessus dans mon cœur.