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allai m’asseoir sur la malle de Brigitte. Là, j’appuyai mon front dans mes mains et demeurai comme anéanti. Je regardais autour de moi tous ces paquets à moitié faits, ces hardes étalées sur les meubles ; hélas ! je les connaissais toutes ; il y avait un peu de mon cœur après tout ce qui l’avait touchée. Je commençai à calculer tout le mal que j’avais causé ; je revis passer ma chère Brigitte sous l’allée des tilleuls, son chevreau blanc courant après elle.

« Ô homme ! m’écriai-je, et de quel droit ? Qui te rend si osé que de venir ici et de mettre la main sur cette femme ? Qui a permis qu’on souffre pour toi ? Tu te peignes devant ton miroir, et t’en vas, fat, en bonne fortune chez ta maîtresse désolée ; tu te jettes sur les coussins où elle vient de prier pour toi et pour elle, et tu frappes doucement, d’un air dégagé, sur ces mains fluettes qui tremblent encore. Tu ne t’entends pas trop mal à exalter une pauvre tête, et tu pérores assez chaudement dans tes délires amoureux, à peu près comme les avocats qui sortent les yeux rouges d’un méchant procès qu’ils ont perdu. Tu fais le petit enfant prodigue, tu badines avec la souffrance ; tu trouves du laisser-aller à accomplir à coups d’épingle un meurtre de boudoir. Que diras-tu au Dieu vivant lorsque ton œuvre sera achevée ? Où s’en va la femme qui t’aime ? Où glisses-tu, où tombes-tu, pendant qu’elle s’appuie sur toi ? De quel visage enseveliras-tu un jour ta pâle et misérable amante, comme elle vient d’ensevelir le dernier être qui la protégeait ? Oui, oui, sans aucun doute, tu l’enseveliras ; car ton amour la tue et la consume ; tu l’as vouée à tes furies, et c’est elle qui les apaise. Si tu suis cette femme, elle mourra par toi. Prends garde ! son bon ange hésite, il est venu frapper ce coup dans cette