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Pierson est assez gravement malade ; elle ne pourra vous voir de toute la semaine. » Nouveau salut, et il sortit. Il était clair que cette visite cachait quelque mystère : ou madame Pierson ne voulait plus me voir, et je ne savais à quoi l’attribuer ; ou Mercanson s’entremettait de son propre mouvement. Je laissai passer la journée ; le lendemain, de bonne heure, je m’en fus à la porte, où je rencontrai la servante ; mais elle me dit qu’en effet sa maîtresse était fort malade, et quoi que je pusse faire, elle ne voulut ni prendre l’argent que je lui offris ni écouter mes questions. Comme je rentrais au village, je vis précisément Mercanson sur la promenade ; il était entouré des enfants de l’école à qui son oncle faisait la leçon. Je l’abordai au milieu de sa harangue, et le priai de me dire deux mots. Il me suivit jusqu’à la place, mais c’était à mon tour d’hésiter, car je ne savais comment m’y prendre pour tirer de lui son secret. « Monsieur, lui dis-je, je vous supplie de me dire si ce que vous m’avez appris hier est la vérité, ou s’il y a quelque autre motif. Outre qu’il n’y a point dans le pays de médecin qui puisse être appelé, j’ai des raisons d’une grande importance pour vous demander ce qui en est. » Il se défendit de toutes les façons, prétendant que madame Pierson était malade, et qu’il ne savait autre chose, sinon qu’elle l’avait envoyé chercher et chargé d’aller m’avertir, comme il s’en était acquitté. Cependant, tout en parlant, nous étions arrivés en haut de la grand’rue, dans un endroit désert. Voyant que ni la ruse