cette seule cause que madame Pierson me permit de la voir. Je me disposais un jour à aller chez elle, lorsqu’on frappa à ma porte, et je vis entrer Mercanson, ce même prêtre que j’avais rencontré dans son jardin à ma première visite. Il commença par des excuses, aussi ennuyeuses que lui, sur ce qu’il se présentait ainsi chez moi sans me connaître ; je lui dis que je le connaissais très bien pour le neveu de notre curé, et lui demandai ce dont il s’agissait. Il tournait de côté et d’autre, d’un air emprunté, cherchant ses phrases, et touchant du bout du doigt à tout ce qui se trouvait sur ma table, comme un homme qui ne sait quoi dire. Enfin il m’annonça que madame Pierson était malade, et qu’elle l’avait chargé de m’avertir qu’elle ne pouvait me recevoir de la journée. « Elle est malade ? Mais je l’ai quittée hier assez tard, et elle se portait bien. » Il fit un salut. « Mais, monsieur l’abbé, pourquoi, si elle est malade, me l’envoyer dire par un tiers ? Elle ne demeure pas si loin, et il importait peu de me laisser faire une course inutile. » Même réponse de Mercanson. Je ne pouvais comprendre pourquoi cette démarche de sa part, encore moins cette commission dont on l’avait chargé. « C’est bien, lui dis-je ; je la verrai demain, et elle m’expliquera tout cela. » Ses hésitations recommencèrent : « Madame Pierson lui avait dit en outre… il devait me dire… Il s’était chargé… – Eh ! de quoi donc ? m’écriai-je impatienté. – Monsieur, vous êtes violent. Je pense que madame
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