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PREMIÈRE PARTIE

pardonne jamais à qui surprend sa faiblesse.

Je ripostai de mon mieux. Je déclarai une passion funeste, irrésistible, que sa froideur avait désespérée, réduite à la ruse, à la violence…

— D’ailleurs, ajoutai-je, pouvez-vous croire, Gamiani, que j’abuse jamais d’un secret que je dois plus au hasard qu’à ma témérité. Oh ! non ; ce serait trop ignoble. Je n’oublierai de ma vie l’excès de nos plaisirs, mais j’en garderai pour moi seul le souvenir. Si je fus coupable, songez que j’avais le délire dans le cœur, ou plutôt, ne gardez qu’une pensée, celle des plaisirs que nous avons goûtés ensemble, que nous pouvons goûter encore.

M’adressant ensuite à Fanny, tandis que