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GAMIANI

m’avaient dominé ; je voulais me montrer à la comtesse, l’accabler du poids de mon mépris. Les sens furent plus forts que la raison. La chair triompha superbe, frémissante. J’étais étourdi, comme fou. Je m’élançai sur la belle Fanny, nu, tout en feu, pourpré, terrible… Elle eut à peine le temps de comprendre cette nouvelle attaque, que, déjà triomphant, je sentais son corps souple et frêle trembler, s’agiter sous le mien, répondre à chacun de mes coups. Nos langues se croisaient brûlantes, acérées ; nos âmes se fondaient dans une seule !

FANNY.

Ah ! mon Dieu !… on me tue !…

À ces mots, la belle se raidit, soupire et puis retombe en m’inondant de ses faveurs.