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DEUXIÈME PARTIE

bien bonne, dis-je à la supérieure. Je vous aime, je suis heureuse près de vous. Je ne voudrais jamais vous quitter ! Ma bouche se collait sur ses lèvres, et je reprenais avec ardeur : — Ah ! oui, je vous aime à en mourir !… Je ne sais… mais je sens…

La main de la supérieure me flattait avec lenteur. Son corps s’agitait doucement sous le mien. Sa toison, dure et touffue, se mêlait à la mienne, me piquait au vif et me causait un chatouillement diabolique. J’étais hors de moi, dans un frémissement si grand que tout mon corps tremblait. À un baiser violent que me donna la supérieure, je m’arrêtai subitement. — Mon Dieu ! m’écriai-je, laissez-moi !… Ah !… jamais rosée plus abondante, plus délicieuse ne suivit un combat d’amour.