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GAMIANI

ce qu’ils t’ont fait. Ils t’ont battue ? dis. Je lui répétai mon histoire dans tous ses détails, appuyant sur ceux qui paraissaient l’intéresser davantage. Le plaisir qu’elle prenait à m’entendre parler était si vif qu’elle en éprouvait des tressaillements extraordinaires. — Pauvre enfant ! pauvre enfant ! répétait-elle, en me serrant de toutes ses forces.

Insensiblement je me trouvai étendue sur elle. Ses jambes étaient croisées sur mes reins, ses bras m’entouraient. Une chaleur tiède et pénétrante se répandait par tout mon corps ; j’éprouvais un bien-être inconnu, délicieux, qui communiquait à mes os, à ma chair, je ne sais quelle sueur d’amour qui faisait couler en moi comme une douceur de lait. — Vous êtes bonne,