Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 71 —

profil se dessinait, suave et pur, comme un dessin de Raphaël ; son corps, dans chacune de ses parties comme dans son ensemble, était d’une beauté prestigieuse.

C’était une volupté bien grande de savourer à loisir la vue de tant de charmes, et c’était pitié aussi de songer que, vierge depuis quinze printemps, une seule nuit avait suffi pour les flétrir.

Fraîcheur, grâces, jeunesse, la main de l’orgie avait tout sali, tout souillé, tout plongé dans l’ordure et la fange.

Cette âme si naïve et si tendre, cette âme jusque-là si doucement bercée par la main des anges, livrée désormais aux démons impurs ; plus d’illusions, plus de rêves, point de premier amour, point de douces surprises ; toute une vie poétique de jeune fille à jamais perdue !

Elle s’éveilla la pauvre enfant presque riante. Elle croyait retrouver son matin accoutumé, ses doux pensers, son innocence, hélas ! Elle