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des soupirs, des évanouissements de volupté.

Dans un espace plus élevé, les diables du premier rang se divertissaient jovialement à parodier les mystères de notre sainte religion.

Une nonne toute nue, prosternée, l’œil béatiquement tourné vers la voûte, recevait avec une dévotieuse ardeur la blanche communion que lui donnait, au bout d’un fort honnête goupillon, un grand diable crossé, mitré tout à l’envers. Plus loin, une diablotine recevait à flots sur son front le baptême de vie, tandis qu’une autre, feignant la moribonde, était expédiée avec une effroyable profusion de saint viatique.

Un maître Diable, porté sur quatre épaules, balançait fièrement la plus énergique démonstration de sa jouissance érotico-satanique, et dans ses moments d’humeur, répandait à flots la liqueur bénite. Chacun se prosternait à son passage. C’était la procession du Saint-Sacrement.