Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 49 —

Je me levai, regardant tristement autour de moi.

Je restai quelque temps pensive, la tête mélancoliquement penchée, les mains jointes, les bras pendants.

Puis m’examinant, me touchant de nouveau, je me demandai si tout cela n’avait pas un but, une fin.

Instinctivement, je comprenais qu’il me manquait quelque chose que je ne pouvais définir, mais que je voulais, que je désirais de toute mon âme.

Je devais avoir l’air égaré, car je riais parfois frénétiquement ; mes bras s’ouvraient comme pour saisir l’objet de mes vœux ; j’allais jusqu’à m’étreindre moi-même. Je m’enlaçais, je me caressais, il me fallait absolument une réalité, un corps à saisir, à presser ; dans mon étrange hallucination, je m’emparais de moi-même, croyant m’attacher à un autre.

À travers les vitraux, on découvrait au loin les arbres, les gazons, et j’étais tentée d’aller me rouler à terre, ou de me perdre aérienne