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et j’étais venue, au besoin, pour te porter secours.

Je la remerciai en souriant. Dans ce moment, je ne tenais guère à la vie, et s’il m’avait frappée pour le plaisir de me torturer, de m’humilier, je crois qu’il aurait couru plus de danger que moi. Je l’avais tant rebuté qu’il ne pouvait plus se passer de moi. Il venait me voir deux ou trois fois par jour. Il avait comme des moments de folie, où il me disait des choses infâmes sans motif. Cela m’exaspérait. Je déclarai que je ne voulais plus descendre près de lui. On me fit sentir brutalement que je ne m’appartenais pas. Je commençais à prendre la grosse femme en horreur. Je descendis la tête montée, et, sans attendre qu’il m’adressât la parole, je m’écriai :

— Que me voulez-vous ? Pourquoi tenez-vous à me voir ? Votre vue ne m’inspire que du dégoût. Si c’est dans vos nuits d’orgie que vous faites ces belles choses que j’ai lues ce matin, je vous plains, car le lendemain vous ne devez plus reconnaître l’auteur, et c’est dommage ! Il vous sied bien de mépriser les femmes et de vous faire leur détracteur ! Vous êtes moins