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Fanny

Tes discours me brûlent ; à l’œuvre, à l’œuvre, Gamiani !

À ces mots, Gamiani noue précipitamment ses cheveux flottants, qui la gênent. Elle porte la main entre ses cuisses, s’excite un instant, puis d’un bond, elle s’élance sur le corps de Fanny, qu’elle touche, qu’elle couvre partout. Ses lèvres entrouvrent une bouche vermeille, sa langue y pompe le plaisir. Fanny soupire ; Gamiani boit son souffle et s’arrête. À voir ces deux femmes nues, immobiles, soudées, pour ainsi dire, l’une à l’autre, on eût dit qu’il s’opérait entre elles une fusion mystérieuse, que leurs âmes se mêlaient en silence.

Insensiblement Gamiani se détache et se relève. Ses doigts jouent capricieusement dans les cheveux de Fanny, qu’elle contemple avec un sourire ineffable de langueur et de volupté. Les baisers, les tendres morsures volent de la tête aux pieds, qu’elle chatouille du bout de ses mains, du bout de sa langue. Elle se précipite ensuite à corps perdu, se redresse et