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goûter aussi de l’élixir prolifique. J’y parvins néanmoins. Couchée sur le moribond, ma tête entre ses cuisses, je suçai si habilement messer Priape endormi qu’il s’éveilla rubicond, vivace à faire plaisir. Caressée moi-même par une langue agile, je sentis bientôt approcher un incroyable plaisir, que j’achevai en m’asseyant glorieusement et avec délices sur le sceptre que je venais de conquérir. Je donnai et je reçus un déluge de volupté.

Ce dernier excès acheva notre homme. Tout fut inutile pour le ranimer. Le croirais-tu ? Dès que les nonnes comprirent que ce malheureux n’était plus bon à rien, elles décidèrent, sans hésiter, qu’il fallait le tuer et l’ensevelir dans une cave, de peur que ses indiscrétions ne vinssent à compromettre le couvent. Je combattis vainement ce parti criminel : en moins d’une seconde, une lampe fut détachée et la victime enlevée dans un nœud coulant. Je détournai la vue de cet horrible spectacle… Mais voilà, à la grande surprise de ces folles, que la pendaison produit son effet ordinaire. Émerveillée de