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d’une manière avantageuse, on la fouettait jusqu’au sang, on la piquait même. La patiente s’éveillait au milieu de son supplice. Elle se relevait égarée, nous regardait d’un air de folie et entrait aussitôt dans les plus violentes convulsions. Six personnes avaient peine à la comprimer. Il n’y avait que le lèchement d’un chien qui pût la calmer. Sa fureur s’épanchait à flots. Mais, si le soulagement n’arrivait pas, la malheureuse devenait plus terrible et demandait à grands cris un âne.

Fanny

Un âne, miséricorde !

Gamiani

Oui, ma chère, un âne. Nous en avions deux bien dressés, bien dociles. Nous ne voulions le céder en rien aux dames romaines qui s’en servaient dans leurs saturnales.

La première fois que je fus mise à l’épreuve, j’étais dans le délire du vin. Je me précipitai violemment sur la sellette, défiant toutes les nonnes. L’âne fut à l’instant dressé devant moi,