Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 105 —

Fanny

Quelles folies !

Gamiani

Elles ne se bornaient point là ; elles variaient à l’infini. Privées d’hommes, nous n’en étions que plus ingénieuses à inventer des extravagances. Toutes les priapées, toutes les histoires obscènes de l’antiquité et des temps modernes nous étaient connues. Nous les avions dépassées. Elephantis et l’Arétin avaient moins d’imagination que nous. Il serait trop long de dire nos artifices, nos ruses, nos philtres merveilleux pour ranimer nos forces, éveiller nos désirs et les satisfaire. Tu pourras en juger par le traitement singulier qu’on faisait subir à l’une de nous pour aiguillonner sa chair. On la plongeait d’abord dans un bain de sang chaud pour rappeler sa vigueur. Après, elle prenait une potion cantharidée, se couchait sur un lit et se faisait frictionner par tout le corps. À l’aide du magnétisme, on tâchait de l’endormir. Sitôt que le sommeil l’avait gagnée, on l’exposait