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époque. La littérature devait nécessairement avoir son tour. Après avoir passé en revue les divers genres d’ouvrages qui, depuis l’antiquité, ont tour à tour été l’objet d’une admiration plus ou moins passagère, on en vint à parler du genre érotique. Il y avait là ample matière à discourir. Aussi, depuis les Pastorales de Longus jusqu’aux cruautés luxueuses du Marquis de Sade, depuis les Épigrammes de Martial et Satires de Juvénal jusqu’aux Sonnets de l’Arétin, tout fut passé en revue.

Après avoir comparé la liberté d’expression de Martial, Properce, Horace, Juvénal, Térence, en un mot, des auteurs latins, avec la gêne que s’étaient imposée les divers écrivains érotiques français, quelqu’un fut amené à dire qu’il était impossible d’écrire un ouvrage de ce genre sans appeler les choses par leur nom ; l’exemple de Lafontaine était une exception ; que d’ailleurs, la poésie française admettant ces sortes de réticences et savait même, par la finesse et une heureuse tournure de phrases, s’en créer un charme de plus, mais qu’en prose on ne pourrait rien produire de passionné ni d’attrayant.