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connut ainsi la vérité du proverbe : À qui mal veut, mal lui tourne ; et l’on peut croire qu’il n’en aima pas davantage le poète auquel il était redevable de cette leçon. Quant à la jeune fille, sa réputation n’eut rien à souffrir de ce démêlé ; c’est à elle qu’Alfred de Musset adressa plus tard les vers à Pepa.

Pendant ce temps-là, le recueil de poésies qui devait porter le titre de Contes d’Espagne et d’Italie grossissait peu à peu. Pour ne rien oublier, nous citerons, en passant, une première publication qui n’est guère connue. Alfred, à dix-huit ans, s’estima heureux d’avoir à traduire de l’anglais un petit roman pour la librairie de M. Mame. Il avait adopté ce titre simple : le Mangeur d’opium. L’éditeur voulut absolument : l’Anglais mangeur d’opium[1]. Ce petit volume, dont on aurait sans doute bien de la peine à retrouver un exemplaire aujourd’hui, fut écrit en un mois. Le traducteur, sans être trop inexact, introduisit dans les rêveries du héros étranger quelques-unes des impressions que lui avait laissées le cours d’anatomie descriptive de M. Bérard. Personne ne prit garde à cette publication sans nom d’auteur ; elle disparut dans un flot de nouveautés littéraires, comme une goutte de pluie dans la mer.

Une autre aubaine de plus grave conséquence vint troubler le poète jusqu’au fond de l’âme. Son père lui

  1. Le titre de l’original était Confessions of an English opium-eater.